Le ministre des Affaires étrangères Park Jin (à g.) et son homologue japonais, Yoshimasa Hayashi, entament une réunion bilatérale sur le sujet du travail forcé à l'époque coloniale japonaise à l'hôtel Bayerischer, le samedi 18 février 2023, à Munich en Allemagne, en marge de la Conférence sur la sécurité. (Photo fournie par le ministère des Affaires étrangères. Revente et archivage interdits)
SEOUL/TOKYO, 06 mars (Yonhap) -- Le ministre japonais des Affaires étrangères Yoshimasa Hayashi a déclaré ce lundi que son gouvernement a hérité de la perception de l'histoire de ses prédécesseurs en accueillant favorablement le plan du gouvernement sud-coréen d'indemniser des victimes du travail forcé pratiqué par le Japon en temps de guerre à travers une fondation publique soutenue par Séoul.
«Le gouvernement japonais réaffirme qu'il adopte globalement la position de précédents gouvernements sur la perception de l'histoire incluant la déclaration commune Corée du Sud-Japon publiée en octobre 1998», a déclaré le chef de la diplomatie japonaise lors d'une conférence de presse. Dans la déclaration commune de 1998, le président sud-coréen de l'époque, Kim Dae-jung, et le Premier ministre japonais d'alors, Keizo Obuchi, appelaient à surmonter le passé et à construire de nouvelles relations, le second ayant exprimé pour la première fois des remords pour les «dommages et douleurs horribles» que la colonisation japonaise (1910-1945) a infligés au peuple coréen.
Séoul a proposé plus tôt dans la journée de résoudre la question de l'indemnisation des 15 victimes coréennes qui ont gagné leur bataille judiciaire en Corée du Sud contre deux sociétés japonaises, Mitsubishi Heavy Industries Ltd. et Nippon Steel Corp., pour leur travail forcé pendant la Deuxième Guerre mondiale à travers la Fondation pour les victimes de la mobilisation forcée par le Japon impérial (FOMO).
Hayashi a en outre décrit la Corée du Sud et le Japon comme des «pays voisins importants qui doivent coopérer pour faire face aux divers défis de la communauté international». «Le gouvernement japonais est en train de renforcer les relations stratégiques entre la Corée du Sud et le Japon et entre la Corée du Sud, les Etats-Unis et le Japon, y compris sur les questions liées à la sécurité nationale, compte tenu de l'environnement stratégique actuel.»
En estimant que la solution proposée par Séoul permettra aux liens bilatéraux de redevenir des «relations saines», il a également fait part de son souhait de voir les mesures annoncées aujourd'hui par Séoul accroître les échanges entre les deux pays dans la politique, l'économie et la culture.
A la question de savoir s'il a l'intention de laisser des entreprises japonaises faire des dons à la fondation en question sur une base volontaire, Hayashi a répondu que les mesures annoncées par Séoul ne supposaient pas de contributions des entreprises japonaises à la fondation, en ajoutant que le gouvernement japonais n'a pas de position particulière sur les campagnes de dons volontaires des personnes ou entreprises civiles dans le pays ou à l'étranger.
Concernant les restrictions imposées en 2019 par Tokyo sur les exportations vers la Corée du Sud de trois matériaux vitaux pour la fabrication de puces mémoire, largement perçues comme des représailles à la décision de la justice sud-coréenne, le ministre japonais a souligné qu'elles ont été décidées pour gérer correctement les exportations pour la sécurité nationale et n'étaient pas liées à la question des travailleurs. Il a ajouté que le ministère japonais de l'Economie et du Commerce continuait à appeler Séoul à suspendre le processès de règlement des différends engagé auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur ces restrictions.
La conférence de presse de Hayashi qui a duré à peine six minutes est intervenue alors que des médias japonais avaient rapporté plus tôt que le Premier ministre Fumio Kishida devrait afficher en personne la volonté de Tokyo de continuer à adopter les discours de précédents gouvernement et la déclaration commune Corée du Sud-Japon incluant des excuses et remords sur la colonisation de la péninsule coréenne.
Le gouvernement japonais semble avoir abaissé le niveau de la personnalité donnant la conférence de presse comme, du côté de Séoul, c'était le ministre des Affaires étrangères Park Jin qui a annoncé les mesures destinées à résoudre la question du travail forcé.
De plus, le ministre japonais des Affaires étrangères s'est contenté de dire que Tokyo continue à adopter en général la perception de l'histoire de précédents gouvernements sans mentionner directement les excuses et remords exprimés dans les discours et la déclaration commune du passé.
Lors d'une réunion de la commission du budget de la Chambre des conseillers, Kishida a déclaré estimer que la proposition de Séoul visait un retour des liens Corée du Sud-Japon à des «relations saines». Tout comme son ministre des Affaires étrangères, il a ajouté que son gouvernement continuait et continuerait à adopter globalement la position de précédents gouvernements.
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