SEOUL, 19 mars (Yonhap) -- Le conflit politique s'est intensifié samedi suite au récent sommet entre la Corée du Sud et le Japon, l'opposition progressiste étant descendue dans la rue pour reprocher au président Yoon Suk Yeol de s'être acoquiné avec Tokyo et d'avoir ignoré les différends historiques sur le travail forcé en temps de guerre.
Yoon a tenu un sommet avec le Premier ministre japonais Fumio Kishida à Tokyo jeudi afin de rétablir des liens effilochés par des différends historiques découlant de la colonisation de la péninsule coréenne par le Japon entre 1910 et 1945.
La Corée du Sud a annoncé au début du mois son intention d'indemniser les victimes du travail forcé pendant la guerre par l'intermédiaire d'une fondation financée par des dons provenant d'entreprises sud-coréennes et non des entreprises japonaises accusées, une initiative à laquelle s'opposent les victimes, les partis d'opposition et diverses organisations.
Lors de son voyage au Japon, Yoon a déclaré que la Corée du Sud n'avait pas l'intention de demander au Japon un remboursement après avoir indemnisé les victimes.
Le bureau présidentiel a salué samedi le succès du sommet, déclarant que celui-ci a «marqué un tournant dans l'amélioration des relations bilatérales qui avaient atteint leur pire niveau».
Lee Jae-myung (au centre, devant), chef du principal parti d'opposition, le Parti démocrate, et d'autres participants scandent des slogans lors d'un rassemblement à Séoul le 18 mars 2023, dénonçant le sommet du 16 mars entre le président Yoon Suk Yeol et le Premier ministre japonais Fumio Kishida.
Le premier sommet bilatéral entre les deux voisins depuis 12 ans a «élargi le champ de la coopération à la sécurité économique, comme la stabilisation des chaînes d'approvisionnement et la promotion des technologies de pointe, tout en s'efforçant de rétablir les canaux de coopération existants» avec Tokyo, a déclaré le bureau présidentiel dans un communiqué de presse.
Toutefois, Lee Jae-myung, chef du principal parti d'opposition, le Parti démocrate (PD), a critiqué Yoon pour avoir tourné le dos à l'opinion publique et «avoir finalement choisi de devenir un serviteur du Japon».
«Le président Yoon est allé (au Japon) avec des boîtes de cadeaux et est revenu non pas les mains vides, mais avec un tas de factures à payer», a-t-il déclaré lors d'un rassemblement à Séoul pour protester contre le récent sommet.
Environ 3.000 personnes, notamment des membres de partis politiques d'opposition et d'associations progressistes, ont participé à la manifestation devant l'hôtel de ville de Séoul.
Lee a dénoncé «l'attitude humiliante» de Yoon à l'égard du Japon et a souligné que le droit des victimes à réclamer une indemnisation est un droit humain fondamental qui ne peut être enfreint.
Le PD a également dénoncé Yoon pour avoir cité Okakura Kakuzo, un érudit japonais également connu sous le nom d'Okakura Tenshin, qui a soutenu la domination coloniale de Tokyo sur la Corée du Sud, lors de son discours à l'université Keio de Tokyo.
Lors d'une conférence de presse, le porte-parole du PD, An Ho-young, a déclaré que l'érudit avait affirmé que la Corée du Sud était à l'origine un territoire japonais.
«La diplomatie humiliante du président Yoon avec le Japon va désormais au-delà de la diplomatie pro-japonaise, et nous n'avons d'autre choix que de la qualifier de diplomatie de la soumission», a-t-il déclaré.
Le Parti du pouvoir du peuple (PPP), au pouvoir, a salué le sommet comme marquant la reprise de la «diplomatie de la navette», affirmant qu'il a «ouvert une nouvelle ère de coopération orientée vers l'avenir».
«La Corée du Sud et le Japon sont redevenus des pays partenaires qui partagent des valeurs universelles et coopèrent en matière de sécurité, d'économie et de politique mondiale», a déclaré le porte-parole du PPP, Jang Dong-hyeok.
Jang a également accusé le PD de diffuser des fausses informations sur le sommet et d'attiser le sentiment antijaponais, affirmant que le parti «s'appuie sur le sentiment antijaponais pour inciter les gens à agir».
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