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Sport/Culture

(FOCUS) Les réalisateurs fuient une industrie en crise et trouvent refuge sur les plates-formes de streaming

30.05.2023 à 16h10

SEOUL, 30 mai (Yonhap) -- Un nombre toujours plus important de réalisateurs coréens se lancent dans des projets de séries télévisées pour des plates-formes de streaming afin de s'adapter à la nouvelle donne, l'industrie cinématographique peinant à se relever alors que les habitudes des spectateurs ont drastiquement changé.

Après le phénomène culturel mondial qu'est devenu «Squid Game» (2021) de Hwang Dong-hyuk, qui a totalement éclipsé sa filmographie qui comprend pourtant des succès tels que «Silenced» (2011) et «The Fortress» (2017), les plates-formes de streaming sont devenues ces dernières années un moyen plus pragmatique et rentable pour les cinéastes de concrétiser des projets qui seraient considérés trop risqués pour être développés au cinéma.

Tous ces grands noms du cinéma coréen s'essayant aux séries en collaboration avec des «service par contournement» (OTT), comme on les appelle dans le milieu, est la conséquence combinée de deux phénomènes : d'un côté, ces entreprises de streaming investissent toujours plus dans du contenu original pour tenter de se démarquer dans un marché ultra compétitif, et les contenus coréens, avec leur popularité grandissante, sont devenus un nerf de la guerre ; de l'autre, le Covid-19 a provoqué un véritable embouteillage des sorties au cinéma, les grands distributeurs coréens ayant accumulé une longue liste de films finis avant ou pendant la pandémie et qu'ils cherchent à sortir de manière stratégique, en évitant les grosses sorties des concurrents, avant d'investir dans de nouveaux projets.

«Black Knight»

L'affiche promotionnelle de la série originale Netflix «Black Knight» (Revente et archivage interdits)

Les réalisateurs, pendant ce temps, ne pouvaient pas se permettre d'attendre et se sont donc naturellement tournés vers Netflix, Disney+, Apple TV+, ainsi que des services locaux tels que Wavve et Tving.

Cho Eui-seok, qui s'est fait connaître pour avoir réalisé le film policier «Cold Eyes» (2013) et le film d'action «Master» (2016), vient de signer la toute nouvelle série Netflix postapocalyptique «Black Knight», qui présente un monde dystopique dévasté par la pollution atmosphérique et dans lequel l'accès à de l'air pur met en exergue la fracture sociale. Cho explique que s'il s'est résolu à passer du côté du petit écran après plus de deux décennies entièrement dédiées au cinéma. C'est bien parce qu'il ne voyait pas ses projets cinématographiques recevoir le budget nécessaire de sitôt.

«J'ai entendu dire qu'il y a en ce moment beaucoup de retenue au niveau des investissements dans le milieu du cinéma et qu'il y a encore plus de 60 films qui doivent sortir» a-t-il expliqué lors d'une récente interview. «Je me suis dit que faire des films serait assez difficile pendant un moment.»

Lee Jong-pil, qui a signé les films dramatiques «Samjin Company English Class» (2020) et «Born to Sing» (2013), a également franchi le pas récemment avec «One Day Off» pour la plate-forme coréenne Wavve. Cette mini-série de huit épisodes suit une professeur de lycée qui cherche à s'évader de sa vie monotone en voyageant à la campagne chaque samedi.

«One Day Off»

L'affiche promotionnelle de la série originale «One Day Off» proposée par la plate-forme coréenne de streaming Wavve (Revente et archivage interdits)

Cette tendance est également le reflet de la popularité grandissante des programmes proposés en streaming et de la façon dont les spectateurs interagissent avec ces contenus, beaucoup préférant regarder plusieurs épisodes à la suite voire une saison entière en une fois. Certains réalisateurs trouvent ce format intéressant car il offre aussi plus de flexibilité.

En termes de durée, vu qu'il n'a pas besoin de se conformer à une case horaire sur une chaîne de télévision, mais aussi en termes de structure narrative ou encore dans les différents calendriers de mise en ligne des épisodes, en une fois ou en espaçant les sorties.

C'est ce qui a convaincu le réalisateur du «Roi et le Clown» (2005), «Radio Star» (2006) et «Dongju : Portrait d'un poète» (2015) à faire le saut, lui qui a présenté en novembre de l'année passée la série «Beyond the Memory» pour la plate-forme coréenne Tving.

Beaucoup de projets de films ou séries de science-fiction ont vu le jour ces dernières années, mais le réalisateur aux 30 ans de carrière avait déjà tenté il y a une dizaine d'années, en vain, de porter à l'écran la nouvelle de Kim Jang-hwan, «Good-bye Yonder». «J'avais été surpris par l'univers de la nouvelle d'origine qui est en avance sur son temps, mais j'avais échoué à l'adapter en film», avait-il confié lors d'une conférence de presse en novembre. «Quand j'ai vu les plates-formes OTT se développer, je me suis dit que cela me permettrait de raconter cette histoire de manière plus approfondie.»

Le réalisateur de la série Netflix «Narco-Saints», Yoon Jong-bin, partage cet avis. Après les succès de «Nameless Gangster» (2012) avec Choi Min-sik et «The Spy Gone North» (2018), un film d'espionnage qui avait fait sensation en séance de minuit à Cannes, on n'attendait pas forcément à retrouver Yoon derrière une des plus grosses sorties du géant mondial du streaming.

Et pourtant, c'est la possibilité de développer ses personnages qui l'a attiré, alors qu'on lui avait d'abord proposé cette histoire sous forme de long-métrage. Il s'est exprimé à ce sujet durant un entretien avec un journal en septembre : «Je tenais à en faire une série pour pouvoir narrer le récit d'un personnage réel. Si j'avais dû tailler dans l'histoire du protagoniste pour la faire tenir dans un film de deux heures, je pense que cela l'aurait rendu indissociable d'autres films d'action.»

Ces trois réalisateurs ne seront de toute évidence pas les derniers à s'essayer aux séries. Les exploitants de cinéma n'ont toujours pas retrouvé les chiffres d'entrée prépandémiques, alors que le box-office coréen de cette année est principalement porté par les blockbusters hollywoodiens et des films d'animation japonais, ce qui a de quoi rendre d'autant plus frileux les investisseurs locaux.

Pendant ce temps, Netflix, leader sur le marché coréen avec plus de 11 millions d'abonnés, a annoncé un plan d'investissement à hauteur de 2,5 milliards de dollars dans du contenu coréen pour les quatre prochaines années.

Avec le coPDG de Netflix

Le président Yoon Suk Yeol (à g.) et le co-PDG du service de streaming américain Netflix Ted Sarandos échangent le 24 avril 2023 (heure américaine) une poignée de main à Blair House, la résidence des hôtes d'Etat, à Washington après que le deuxième a annoncé un plan d'investissement en vue de produire des contenus sud-coréens. Yoon a entamé plus tôt dans la journée une visite d'Etat de six jours aux Etats-Unis. (Revente et archivage interdits)

fabien@yna.co.kr

(FIN)

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