SEOUL, 20 sept. (Yonhap) -- Deux motions importantes qui cristallisent les tensions grandissantes entre les deux premiers partis de Corée du Sud ont été soumises au Parlement durant la session plénière de ce mercredi. La première demande l'autorisation de l'Assemblée nationale pour une possible mise en détention provisoire du chef de l'opposition, Lee Jae-myung, tandis que la seconde exige la révocation du Premier ministre Han Duck-soo.
Selon le règlement de l'Assemblée nationale, le vote sur ce genre de motions doit intervenir en session plénière et à bulletin secret pas plus tôt que 24 heures et pas plus tard que 72 heures après que le Parlement en accuse la réception. De ce fait, les motions devraient logiquement être soumises au vote demain.
Vue du bâtiment de l'Assemblée nationale, dans l'ouest de Séoul, le 20 septembre 2023.
La demande d'autorisation pour l'arrestation de Lee, député et chef de la principale formation d'opposition, le Parti démocrate (PD), a été approuvée hier par le président Yoon Suk Yeol et être déposée au Parlement dans la journée. L'accord de l'Assemblée est nécessaire pour arrêter Lee car, selon la loi, les députés ne peuvent pas être arrêtés lorsque le Parlement est en session, une mesure conçue pour protéger les députés de la persécution politique.
Lee est visé par le Parquet dans le cadre d'une enquête sur un projet controversé de développement immobilier à Seongnam à l'époque où Lee occupait la fonction de maire de la ville, ainsi que sur un transfert illégal de fonds vers la Corée du Nord effectué par une entreprise privée.
Pour que cette motion soit acceptée, une simple majorité des voix exprimées sera nécessaire, et le résultat ne sera valide que si la majorité des élus participe au scrutin. Le PD détenant 167 des 297 sièges au Parlement, la motion pourrait être facilement refusée si le parti décide de s'y opposer. L'Assemblée nationale avait ainsi déjà refusé en février une motion similaire lorsque Lee était menacé dans deux autres affaires de soupçons de corruption, liées à un autre projet immobilier à Seongnam ainsi qu'à des donations privées au club de football de la ville.
Lee avait affirmé qu'il accepterait de renoncer à ses privilèges et de se soumettre à la justice, pour peu que cela se fasse hors session. Le PD a dès lors condamné en des termes forts la décision du gouvernement Yoon et du Parquet de tenter d'arrêter Lee alors que la session parlementaire d'automne a débuté.
Parallèlement à cette affaire, le PD a déposé lundi une motion demandant la destitution du Premier ministre Han Duck-soo, exigeant du même coup au président Yoon Suk Yeol qu'il procède à un changement complet de la manière dont il dirige le pays. Le PD accuse Han d'incompétence en tant que chef du gouvernement et le tient responsable pour le rejet par le Japon des eaux contaminées de la centrale nucléaire endommagée de Fukushima et pour les manquements dans l'organisation du Jamboree Scout Mondial à Saemangeum début août.
Bien que cette motion ait de fortes chances d'être accepté, elle sera sans nul doute rejetée par Yoon, qui a déjà fait pareil avec deux précédentes motions de destitution visant le ministre des Affaires étrangères Park Jin et le ministre de l'Intérieur Lee Sang-min.
Le bureau présidentiel voit cette attaque contre le Premier ministre comme une manœuvre politique pour détourner l'attention de la population et pour unifier les rangs du PD avant le vote sur l'arrestation de Lee.
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